MILK x SHOOF

MILK x SHOOF

Est-ce que tu peux te présenter pour les gens qui ne te connaissent pas ? 

Hosni hertelli aka shoof (nom d’artiste), je suis un street artiste. 

Ça fait 13 ans à peu près que je fais ça, mon travail est à base de calligraphie arabe strat, je n’ai pas de typographie, j’ai tout un style qui est indéchiffrable pour tous. Ça me permet d’ouvrir ce monde pour les non-arabes, les non-arabisants, de rendre la chose totalement graphique et que les gens aient leurs propres lecture de mon art

Comment t’en es arrivé au travail que tu fais aujourd’hui? 

Pour la faire courte, je suis venue en France en 2004 pour finir mes études de droit, de science politique et en 2007 je crois, je ne sais pas ce que c’était, si c’était le mal du pays, mais je me suis mis à faire de la calligraphie tout seul comme un fou. C’est très pathologique et très thérapeutique, au bout de 3 ans, je me suis dit “si tu fais ça tous les jours c’est qu’il y a un souci, il ne faut pas arrêter” . 

 

C’était un peu un exutoire pour toi ? 

Exactement, au bout de 3 ans, vraiment tous les jours je faisais ça 5-6-7, 10 heures par jour, alors j’ai arrêté ma thèse et c’est devenu le projet de ma vie. 

J’ai eu de la chance, beaucoup de chance puisqu’en 2013, depuis la tour 13 j’en vis exclusivement 

 

Tu peux nous expliquer ce que c’était la tour 13 ? 

C’était mon premier projet à Paris, l’exposition avait duré 1 mois, où chaque artiste avait une pièce à lui et chacun s'appropriait le lieu. C’est une tour qui a été détruite par la suite. C’était le point de départ de ma carrière, j’étais un inconnu du bataillon, il y avait des gros noms à l’intérieur, puis ça a démarrer directement pour moi, avec des ventes aux enchères

Est-ce que c’est le fait de venir en France qui quelque part avec ce mal du pays, t’as un peu rapproché de ta langue maternelle ? 

C’était peut-être un prétexte, j’aurais pu dessiner des mickey mouse mais, en l’occurence c’était des lettres, c’était ma brique de construction 

 

Quel est le plus gros projet que tu as fait dans ta carrière ? 

Mon plus gros projet c’est la maison de la Tunisie, la cité universitaire à Paris. Ils ont construit une deuxième maison de la tunisie il y a 5-6 ans je crois et ils ont fait un gros appel d’offre, je me suis proposé dans 3 dossiers, il y en a un qui a été sélectionné. C’est une installation en dur, tout un bâtiment de 8 étages avec une peau en métal avec mon art par-dessus. C’est une installation pérenne sur 8 étages, ça a été la plus grosse réalisation que j’ai faite 


J’imagine que tu as travaillé avec des architectes ? 

Exactement, ça m’a créé d’autres contraintes, d’autres supports mais aussi la conscience de l’autre, car il y a des gens qui y vivent. Ce n’est pas juste un objet que tu kiff ou pas, que tu utilises ou pas, c’est tout un ensemble de contraintes qui fait que c’est une super expérience. 

 

Sur quoi tu bosses en ce moment ? 

Paraît-il je bosse sur une collaboration avec milk, sur une ligne de fringue et quelques skateboards. C’est le taff du moment, il y a quelque projet qui sont en train de se réaliser, je croise les doigts pour que ça se fasse. A part ça, ce sont des façades et des expositions un peu partout dans le monde. Je ne vis que de ça aujourd’hui avec quelques gros projets par an. 

 

C’est une chance de pouvoir vivre de ton exutoire, vivre de ta passion

Moi je me dis que je ne travaille pas, quand les gens me disent que je travaille, je suis un gros arnaqueur de cette société capitaliste, moi je me soigne, je me rends malade, je m’amuse et on me paie. C’est parfait 

 

Est-ce que tu as envie de toucher les gens d’une certaine façon ?

Non, c’est exclusivement entre moi et moi-même, ce qui fait que l’autre c’est moi, je fais ce que j’ai à faire et les gens interprètent comme ils le veulent. Il n’y a rien à comprendre, il faut comprendre ce qu’on veut comprendre, qu’il se l'approprie. Chacun peut avoir son interprétation, que ce soit dans l’art, dans la culture, la littérature, le cinéma. Lire des critiques, des préfaces, c’est inutile pour moi, même destructeur, il faut que tu prennes le produit, que tu le consommes à ta sauce, selon ton humeur, selon ton évolution sinon ça devient plat.

 

Il n’y a pas besoin de connaître tous les peintres, toutes les cultures de l’art, c’est le ressenti premier qui est important 

Les codes et l’école ça a précédé la création, les gens oublient ça, au départ il n’y avait pas d’école de beaux arts, de cinéma ou autre pour t’apprendre quoi que ce soit  

 

Pourquoi milk ?

Paraît-il parce que de 1 on est pote depuis longtemps, de 2 milk c’est le magasin que je consomme le plus à Nantes depuis plus de 10 piges, donc c’était normal d’une façon très affectueuse. Puis de 3 c’est la façon la plus intéressante, intellectuellement et artistiquement. La collaboration que tu m’as proposée elle rentre dans mon taff, elle avait du sens, c’est totalement dans le street art, l’art urbain, donc ça a du sens. C’est une très petite série limitée donc ça reste exclusif

 

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